L’autonomisation, la clé utile à la caisse des producteurs/trices…
Les AVEC représentent une source de financement pour les producteurs/trices qui avaient des soucis de financement pour leurs activités et étaient parfois obligés de prendre des prêts auprès des commerçants qui eux en retour prenaient leurs productions à vil prix. De plus, face aux effets du changement climatique, les institutions financières sont de plus en plus réticentes à octroyer des crédits aux petits producteurs face au risque de la non garantie des rendements.
Généralement composés de femmes, qui les adoptent et intègrent plus facilement que les hommes ; les AVEC se réalisent sous plusieurs formes au sein des groupes telles que : les tontines, les cotisations et autres.
Répondants aux besoins financiers des membres en leurs seins, ces associations ont pour but principal de rendre autonomes les producteurs/trices par la micro finance, afin de leur permettre d’avoir et de disposer d’une source de financement propre.
Avant la mise en place des AVEC les producteurs/trices étaient confrontés à plusieurs types de défis que l’on pourrait regrouper sous deux niveaux, à savoir les difficultés financières dues aux problèmes de fonds de roulement rendant ainsi difficile l’accès aux intrants, à la matière première (le paddy/le maïs) et à la main d’œuvre ; et les difficultés financières dues aux revenus limités impactant la vie familiale et communautaire des producteurs/trices (les rentrées scolaires, les diversifications d'activités génératrices de revenu, la solidarité communautaire, etc.)…
Dans le cadre du partenariat avec 2SCALE plusieurs plans d’actions ont été mis en place par des équipes terrains ou Services d’appui entrepreneuriales (SAE) en vue d’alléger les situations financières des producteurs. Des formations sur l’éducation financière ont été réalisées dans la majorité des PEA existants, ce qui ont encouragé les acteurs/trices par la suite à la formalisation, et même à la création de nouvelles AVEC, dont 39 AVEC au sein du partenariat riz (6 dans les PEA de Soubré, 3 à Guiglo, 5 à Katiola, 14 à Daloa et 11 à Agboville) et
En exemple, dans les Pôles d’entreprise Agricoles de Nikla (partenariat Riz), près de la ville de Guiglo, les formations réalisées par les SAE auprès d’une vingtaine de femmes, ont pu être impactantes auprès de ces dernières, qui, aujourd’hui, en témoignent.
A ce propos, Mariam Koné, présidente du groupement des femmes Sénoufo de Guiglo appelé les « Etuveuses de Nikla » nous confie que : « Quand il n’y avait pas encore les AVEC, nos problèmes concernaient en général, la scolarisation de nos enfants, comment agrandir nos groupements, c’était difficile pour nous de mettre en place un petit marché (une petite activité) sans bon fonds de commerce, quand on parle de cotisations entre nous les femmes des groupements c’était compliqué de finir sans discours… »
Elle ajoute aussi que : « dorénavant, grâce aux formations qu’on a reçues, aujourd’hui nous sommes plus de 27 femmes au sein de cette AVEC, nous nous réunissons chaque dimanche et procédons à des cotisations ou tontines de 1000FCFA par membres, totalisons pour les remettre à un membre à la fin de la réunion et reprenons le même scénario chaque semaine ».
La ténacité contre le non-respect des obligations…
Les associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC), se réalisent par la création d’un bureau constitué des membres de la section d’une assemblée générale et d’un comité de gestion. Le bureau en général est composé d’un(e) président(e), d’un(e) secrétaire, d’un(e) trésorier(ière) et de deux compteurs(ses).
A B.koukoguhé, localité de la ville de Daloa (partenariat Maïs), les AVEC ont été installées dans le cadre d'un projet d'appui aux femmes. Dans ce groupement, les AVEC ne sont constituées que de femmes et le nombre varie de 20 à 30 personnes. Au sein de cette association, les cotisations appelées parts varient de 500 à 1000FCFA et le nombre de parts maximal est de 5. Ici les réunions sont de cycles hebdomadaires et peuvent atteindre quelques fois le nombre de 10 à 12 fois par mois.
Bernadette Kouamé, productrice et membre de cette AVEC, affirme que : « les relations se passent très bien entre nous, s’il y a une réunion qu’un membre s’absente sans informer au préalable, il est sommé de payer le double de la cotisation à la prochaine réunion… Dans notre association nous, priorisons le respect, la considération et une bonne collaboration afin d’éviter tous désagréments…».
Elle continue plus loin en disant : «Aujourd’hui si nous les femmes de cette coopérative, arrivons à nous en sortir, c’est grâce à ces petits efforts… On tient le foyer comme il le faut, on attend plus les hommes, pour augmenter nos marchandises, nous-mêmes nous le faisons avec honneur, nous sommes aussi des championnes ».
Grâce à la motivation et à la rigueur des membres de l’AVEC de B.koukoguhé, tout comme plusieurs autres au sein de ce partenariat, une coopérative appelée TEN'D a été créée et comprend aujourd’hui plus de 14 AVEC pour plus de 280 producteurs/trices-membres.
En d’autres termes les AVEC ont permis de dynamiser les coopératives de chacun de ces deux partenariats. Elles ont aussi été salvatrices au niveau des changements climatiques car avec l’argent provenant des AVEC les productrices de la coopérative TEN’D ont pu acheter des produits phytosanitaires (autour de 400.000FCFA pour l’acompte de produits phytosanitaires).
Pour un total de 100 hectares, chacune des femmes de cette coopérative, a vu améliorer et doubler sa production individuellement. Leurs productions de base qui s’étendait sur 0.25 hectare est passée aujourd’hui à 1.5 hectare. L’achat de ces produits phytosanitaires améliorés, à faciliter l’adoption de nouvelles techniques de semis par les productrices, permettant en retour l’augmentation de leurs revenus.
Enfin, les Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC), outils d’inclusion financière auprès des producteurs/trices sont des atouts dans le développement des populations vivant en zones rurales. Le programme 2SCALE en facilitant l’inclusion et l’adoption des AVEC au sein des partenariats Riz et Maïs, apparait désormais comme un acteur clé de la promotion et de l’autonomisation des femmes en milieu rural. Par ailleurs, elle permet aux organisations d’être plus résiliente face aux effets du changement climatique. Mais les plus gros soucis observés actuellement sont les besoins de formalisation des AVEC et de sécurisation des caisses. Pour y remédier des projets de mise en relation des producteurs avec les institutions financières et des formations aux outils digitaux sont prévus à ces titres pour les activités 2SCALE à venir.